La nouvelle a eu l’effet d’un coup de massue. Lundi, le titre de la biotech américaine Neurotrope a chuté de plus de 50 %, après la publication de son essai clinique sur la maladie d’Alzheimer. Le traitement utilisé, la Bryostatine-1, n’a montré qu’une efficacité très modeste. Un échec de plus dans la longue liste des déceptions encaissées par les laboratoires pour soigner cette maladie qui touche plus de 5 millions d’Américains.En février, le suisse Roche avait essuyé un échec pour prouver l’efficacité clinique de son traitement, le Crenezumab. Même chose pour l’américain Merck avec le Verubecestat. Si les deux laboratoires ont prévu de relancer des essais, Lilly s’est montré plus radical en novembre en tirant un trait définitif sur le Solanezumab, qui avait déjà bénéficié d’une seconde chance. « Tous les médicaments en développement ont un effet sur les lésions cérébrales, explique Bruno Dubois, directeur au sein de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). Malheureusement, ils n’ont pas d’effet clinique. Les symptômes des patients ne s’en trouvent pas améliorés ».
Mais comment faire alors pour choisir les participants ? L’étude menée par l’équipe de Bruno Dubois avec l’aide de Pfizer, de l’ICM et du CHU de Bordeaux est une illustration du problème. Elle porte sur 318 sujets volontaires, « normaux » sur le plan cognitif, recrutés dans la population de plus de 70 ans. Parmi eux, 88 sont porteurs de plaques amyloïdes. « Au bout de deux ans et demi, seulement 4 sur les 88 ont progressé vers la maladie, observe Bruno Dubois. Il faudra donc suivre ces personnes longtemps ». Ou bien, dans la mesure où le taux de passage dans la maladie est faible dans le court terme, il faudrait élargir considérablement la taille de la population suivie. Ce qui serait très coûteux.
Novartis, qui finance depuis 2015 une étude avec le Banner Alzheimer’s Institute aux Etats-Unis, a choisi de restreindre le panel à une population plus susceptible de développer la maladie. Pour ce faire, le groupe s’est focalisé sur les patients porteurs d’une double mutation d’un gène (le gène APOE4), parce qu’ils ont un risque 30 fois supérieur de développer Alzheimer. Les résultats seront ainsi plus rapidement obtenus. « En revanche, le recrutement des participants sera très long, car 2 % seulement de la population est porteuse de cette double mutation », observe Bruno Dubois.
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